PORTRAIT DE L’ÉTÉ

QUAND L'OSTRÉICULTURE RIME AVEC CONVICTION

Au cœur du port de Larros se trouve la cabane ostréicole numéro 434. C’est celle de Léa Destrian et de son mari Nicolas. Cette amoureuse du Bassin d’Arcachon nous livre son regard sur son métier et sur son territoire.

 

Le parcours d’une mordue de l’océan

Léa est depuis son enfance passionnée par le milieu maritime. Cette bordelaise, fille de commerçant, est initiée par son père à la voile qu’elle pratique sur le Bassin d’Arcachon. C’est donc tout naturellement qu’elle a souhaité s’orienter vers un métier en lien avec l’océan. Elle intègre alors le lycée de la mer de Gujan-Mestras pour réaliser un BEP aquacole afin de se diriger vers l’univers de la pêche. A cette époque, elle fait la rencontre de Nicolas également élève au lycée de la mer. Ce dernier deviendra, quelques années plus tard, son mari. Ils ont alors un projet : vivre sur le Bassin d’Arcachon. Ils décident donc de s’orienter vers l’ostréiculture et réalisent un Bac pro en cultures marines. Leurs études terminées, Léa et Nicolas reprennent une exploitation au port de Larros.

 

La nostalgie des tuiles chaulées

Léa propose à ses clients des huîtres naturelles issues de son propre captage. Ce dernier est réalisé à l’aide de coupelles. « La coupelle nous permet d’avoir de belles huîtres. » Cependant, il y a quelques années, Léa utilisait des tuiles chaulées. « Le recours aux tuiles chaulées demande beaucoup de temps et peut être physiquement inconfortable. Lors du grattage des tuiles, mon dos ne suivait plus. » L’abandon de cette pratique n’a pas été simple pour l’ostréicultrice. « Il m’a fallu du temps pour accepter l’idée d’arrêter les tuiles. J’adorais quand tout le monde chaulait. Les ports étaient blancs de tuiles. C’était magnifique ! D’année en année, il y en a de moins en moins. Le paysage n’est plus le même » regrette la jeune femme. Même si elle est extrêmement attachée aux huîtres naturelles, Léa va tenter d’introduire des huîtres des quatre saisons dans sa production. L’objectif de cette démarche est de pouvoir proposer ces huîtres durant l’été, période où la naturelle est délaissée pour cause de laitance. « J’ai plaisir à dire que je travaille que de la naturelle. Maintenant, il y a la demande l’été pour les quatre saisons ».

 

Une filière vertueuse face aux aprioris de certains consommateurs

Pour cette passionnée attachée aux savoir-faire ostréicoles, les bienfaits apportés par cette activité ne sont pas suffisamment reconnus par le grand public. « Je suis souvent blessée de certains contenus présents sur les réseaux sociaux. Dès qu’il y a le moindre problème on met tout sur le dos des ostréiculteurs. » Certaines personnes affirment « que l’on dénature le Bassin, que l’on prend trop de place. C’est blessant ! » explique Léa. D’autant plus que l’ostréiculture joue un rôle important dans le bon fonctionnement de l’écosystème du Bassin. En effet, cette dernière permet de limiter la propagation naturelle des huîtres grâce au nettoyage régulier des parcs et des friches ostréicoles. Ce nettoyage assure un équilibre des écosystèmes préservant la présence de la faune et de la flore locales. Cette préservation de la biodiversité est également favorisée par les gisements naturels et les tables ostréicoles qui représentent des habitats naturels idéals. Enfin, il est important de rappeler que les huîtres ont un rôle essentiel dans la purification de l’eau du Bassin via le gaz carbonique et l’azote dont elles se servent pour constituer leurs coquilles.

De plus, la production d’huîtres est 100% naturelle lorsqu’elles sont captées en mer. Leur croissance dépend uniquement de la vitalité du milieu. On ne nourrit pas et on ne soigne pas les huîtres. Leur bonne santé est intimement liée à la qualité environnementale des eaux du Bassin. En observant continuellement leurs coquillages, les ostréiculteurs surveillent ce milieu quotidiennement.

 

Un équilibre parfois difficile à trouver mais pourtant essentiel

« Il y a une place pour l’huître et l’ostréiculture sur notre territoire. Le Bassin sans les ostréiculteurs ne serait pas le Bassin. » rappelle Léa. L’équilibre entre certains usages peut parfois être difficile à trouver. La présence des visiteurs durant l’année est essentielle pour la vie économique des ostréiculteurs et plus largement pour celle du territoire. Néanmoins, durant la période estivale, il arrive quelque fois que la cohabitation avec les autres usagers du Bassin ne soit pas toujours évidente et perturbe le travail des ostréiculteurs comme nous l’explique la jeune femme : « On avait un parc au niveau des cabanes tchanquées que l’on a abandonné. L’été, c’était compliqué ». Léa déplore des poches ouvertes et plusieurs incivilités. La météo peut également impacter directement la bonne vitalité des huîtres : « il y a énormément de vent et de pluie ce que nous n’avions pas avant. Cela a des effets directs sur la production des huîtres. Il commence également à y avoir du captage en Bretagne alors qu’il n’y en avait pas. Il y aura du changement dans les années à venir. C’est certain » pense Léa.

 

Une filière qui se mobilise pour faire vivre son territoire

Léa est à l’image de beaucoup d’ostréiculteurs du Bassin d’Arcachon : une cheffe d’entreprise prête à investir pour pérenniser son activité et faire perdurer le dynamisme économique présent sur le territoire. Le prochain défi de la jeune femme est d’ouvrir une dégustation « J’aimerais avoir une dégustation. Les dégustations sont l’avenir de notre activité. Cela nous permettra d’avoir une rentrée d’argent durant l’été. Aujourd’hui, on tourne très bien sur nos points de vente mais nous avons beaucoup de charges. Nous investissons une grande partie de nos rentrées d’argent. Actuellement, notre période de vente va d’octobre à mars. Nous souhaitons la prolonger en ouvrant une dégustation ». L’ostréicultrice projette également de réaliser une partie de son cycle de production sur le Banc d’Arguin afin « de proposer aux clients des produits différents ».

Contact Presse : Mélanie LACOTTE
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